Afflux attendu dans les ehpad
Source : https://www.anpere.fr/dependance-afflux-attendu-dans-les-ehpad/
Près de 110.000 seniors supplémentaires devraient être placés dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’ici 2030, d’après une récente étude du ministère des Solidarités et de la Santé.
Trouver une place dans une maison de retraite risque de devenir de plus en plus compliqué. Selon une enquête publiée le 2 décembre 2020 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress), un organisme qui dépend du ministère des Solidarités et de la Santé, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) devraient accueillir 108.000 résidents de plus à l’horizon 2030. Et le mouvement va s’accélérer puisque, toujours d’après la Drees, 211.000 seniors supplémentaires vont rejoindre les Ehpad entre 2030 et 2050.
Normal : sous l’effet de l’allongement de l’espérance de vie, le nombre d’individus âgés de 60 ans et plus en France va passer de 18 millions à 21 millions en 2030, pour atteindre 25 millions en 2050. Le risque de perte d’autonomie augmentant avec l’âge, on devrait dénombrer 3 millions de personnes dépendantes en 2030 et 4 millions en 2050. Au final, l’effectif dans les Ehpad va passer de 611.000 à 719.000 résidents d’ici 2030, puis à 930.000 en 2050. Soit une augmentation d’un peu plus de 50% en l’espace de 30 ans. « Cela revient à un peu plus que doubler, dans la durée, le rythme d’ouverture de places [dans les Ehpad, NDLR] observé depuis 2012 », illustrent les deux auteurs de l’étude de la Drees.**Aides au maintien à domicileIl faut donc espérer que les pouvoirs publics, les associations et les gestionnaires privés (il existe des Ehpad sous statut public, associatif et privé) continuent de construire de nouveaux établissements et d’agrandir ceux existants. Dans le cas contraire, les listes d’attente, déjà conséquentes, vont exploser. Toutefois, trois éléments pourraient changer la donne, voire résoudre l’afflux de résidents dans les Ehpad.
En premier lieu, les pouvoirs publics pourraient favoriser encore plus le maintien à domicile qui s’avère moins coûteux pour la collectivité. Déjà, la loi relative à l’Adaptation de la société au vieillissement du 29 décembre 2015, dite « loi ASV » ou « loi Vieillissement », a sensiblement augmenté les plafonds d’aides versées dans le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile (à distinguer de l’APA en établissement) octroyée par les départements. Par ailleurs, les services à domicile (ménage, entretien du linge, portage des courses, préparation des repas, aide au coucher…) donnent droit à un crédit d’impôt (plafonné de 12.000 à 20.000 euros par an selon la composition du ménage et le niveau d’invalidité). Des aides peuvent également être attribuées par les caisses de retraite.*Amélioration de l’espérance de vie en bonne santé
Autre paramètre à prendre en compte : la hausse du nombre de logements-foyers, rebaptisés « résidences autonomie » par la loi ASV. Ces établissements à loyer modéré (les résidents peuvent, en plus, bénéficier des aides au logement et de l’aide sociale à l’hébergement, ainsi que de l’APA s’ils sont dépendants) se situent à mi-chemin entre l’hébergement à domicile et en Ehpad. Ils sont composés d’appartements privatifs (du studio au F3) et d’espaces commun partagés par les résidents (salle d’animation, salle de restaurant…), assortis d’un panier de services (restauration, blanchisserie, accès Internet, dispositif de sécurité, assistance 24h/24…). Les résidences autonomie pourraient alléger les Ehpad, du moins pour les personnes présentant une dépendance légère.Enfin, l’espérance de vie en bonne santé progresse en France. D’après une autre enquête de la Drees, également parue le 2 décembre dernier, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans s’élevait à 11,5 ans pour les femmes et à 10,4 ans pour les hommes en 2019. Des durées qui ont augmenté, ces dix dernières années, de 1 an et 6 mois pour les femmes et de 1 an et 8 mois pour les hommes. Elles sont supérieures de 5 mois à la moyenne européenne. Les Français vivent non seulement de plus en plus longtemps, mais en meilleure santé. De quoi repousser leur entrée en Ehpad.*